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Le Pouvoir politique actuel face au Pouvoir d’argent : risques, menaces et conduite tenir

Ces derni res semaines, nous avons constat que l’opposition politique dans notre pays reprend du poil de la b te avec une s rie de manifestations les unes plus populaires que les autres (Agnam, Saint-Louis, Dakar, Louga). A travers cette contribution, nous tentons de comprendre comment une telle opposition disposant de moyens financiers colossaux, nagu re rejet e et battue plate couture lors des derni res lections, parvient-elle r ussir ces mobilisations ?
De prime abord, on peut qualifier ce qui se passe sous nos yeux, sans risque de se tromper, de rapport de force entre l gitimit d mocratique (le pouvoir issu du peuple, de la loi et des institutions) et l’influence de l’argent (capacit de l’opposition peser gr ce des financements, r seaux conomiques ou m diatiques). Et ce qui est cocasse voire ridicule dans cela, est que toutes ces manifestations sont organis es pour soutenir des dignitaires de l’ancien r gime, sous le coup d’accusations de d tournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux, d’associations de malfaiteurs, etc., corrobor es par des constats visibles d’enrichissement sans cause.
D s lors, il est vital pour le pouvoir en place d’en valuer les risques et les menaces afin de b tir une strat gie pour contenir les agissements de cette fortun e opposition.

S’il est vrai que dans toute d mocratie, la l gitimit politique mane directement de la volont populaire et se fonde sur le suffrage universel et le respect des institutions r publicaines, l’argent joue un r le d terminant dans la comp tition politique contemporaine. En effet, c’est l’argent qui finance les campagnes lectorales, structure les moyens de communication et favorise la mobilisation sociale. Comme le notait Max Weber (1921), la l gitimit du pouvoir repose sur des fondements rationnels-l gaux, mais elle peut tre fragilis e par des forces ext rieures, dont l’argent constitue l’une des plus puissantes.
L’opposition, lorsqu’elle dispose de ressources financi res consid rables, peut s’appuyer sur ce pouvoir conomique pour peser dans l’ar ne politique. Cela soul ve une interrogation majeure : comment l’autorit politique issue du suffrage universel peut-elle pr server sa l gitimit face l’influence croissante du pouvoir d’argent ?
Pour r pondre cette question, il convient d’abord d’analyser les fondements et les atouts du pouvoir politique l gitime (I), avant de mettre en vidence la nature et les dangers du pouvoir d’argent de l’opposition (II), puis d’examiner les strat gies que doit adopter le pouvoir l gitime afin de pr server sa stabilit et sa cr dibilit (III).

I. Le pouvoir politique l gitime : fondements et atouts
Le pouvoir l gitime repose sur une double assise : juridique et sociologique :
Sur le plan juridique, il d coule de la Constitution, des lections et de la s paration des pouvoirs. Rousseau (1762) rappelait dans  »Du contrat social » que la souverainet r side dans le peuple, et que toute autorit politique n’est l gitime que si elle proc de de la volont g n rale.
Sur le plan sociologique, il s’ancre dans la confiance populaire et dans la capacit des institutions assurer l’ordre, la justice et le d veloppement.
Les atouts du pouvoir l gitime sont nombreux : il b n ficie de la l galit constitutionnelle, du monopole de la contrainte l gitime (selon Max Weber, 1921), ainsi que de la capacit orienter l’action publique. Toutefois, ce pouvoir peut tre fragilis par un d ficit de r sultats conomiques, une mauvaise gouvernance ou encore une perte de cr dibilit dans l’opinion publique.

II. Le pouvoir d’argent de l’opposition : nature et dangers
L’argent constitue un instrument d’influence majeur dans la vie politique moderne. Il permet de financer la propagande, de contr ler des m dias, de recruter des soutiens et, parfois, de corrompre des acteurs strat giques. Pierre Bourdieu (1994) parlait de la  » conversion des capitaux  » : le capital conomique peut tre transform en capital politique ou symbolique. Lorsque l’opposition dispose de ressources financi res importantes, plusieurs risques apparaissent :

* Distorsion de la comp tition lectorale : l’ galit entre candidats, principe fondamental de la d mocratie, peut tre mise mal par l’influence disproportionn e de l’argent,
* Corruption et client lisme : l’argent peut servir  »acheter » des bases, jadis loyales, faussant ainsi le jeu d mocratique,
* Manipulation de l’opinion : gr ce un contr le des m dias ou des r seaux sociaux, l’opposition peut orienter le d bat public en fonction d’int r ts particuliers,
* Ing rence trang re : des capitaux ext rieurs peuvent financer l’opposition, mena ant ainsi la souverainet nationale.
Toutefois, ce pouvoir d’argent demeure fragile car il ne repose pas sur une l gitimit populaire. Il peut tre m me per u comme un pouvoir occulte, au service d’int r ts priv s et non de l’int r t g n ral.

III. Strat gies du pouvoir l gitime face au pouvoir d’argent
Pour pr server son autorit , le pouvoir politique issu du peuple doit adopter une strat gie la fois juridique, institutionnelle et communicationnelle.
* Renforcer sa propre l gitimit : la meilleure r ponse au pouvoir de l’argent est une gouvernance exemplaire. Des r sultats concrets dans les domaines social, conomique et s curitaire renforcent la confiance des citoyens et r duisent l’attractivit des discours financ s par l’opposition.
* Encadrer le financement des partis politiques : la transparence financi re est un imp ratif d mocratique. Comme le souligne Norberto Bobbio (1996), la d mocratie repose sur la publicit des d cisions et des moyens. Des lois strictes sur le financement des partis et des campagnes, la lutte contre les financements occultes et la surveillance des apports trangers constituent des garde-fous essentiels.
* Gagner la bataille de l’opinion : dans un contexte o l’argent permet d’amplifier certains messages, le pouvoir l gitime doit ma triser la communication politique. Il s’agit de rappeler la l gitimit lectorale, de valoriser les r alisations gouvernementales et d’incarner l’int r t g n ral par l’exemplarit .
* Pr server l’ quilibre d mocratique : enfin, il importe promouvoir le respect de l’ tat de droit, le renforcement des contre-pouvoirs (m dias ind pendants, justice, soci t civile) et l’ouverture au dialogue afin de consolider la l gitimit .
L’affrontement entre pouvoir politique l gitime et pouvoir d’argent illustre une tension classique entre  »L galit  » et  »Influence ». Si l’argent constitue un facteur de puissance ind niable, il ne peut, lui seul, fonder une autorit politique durable. Le v ritable enjeu pour un pouvoir issu des urnes est de maintenir la confiance populaire par la transparence, la performance et l’exemplarit .
Enfin, loin de c der la confrontation brutale ou la r pression, le pouvoir Pastef, avec sa t te le Pr sident de la R publique, Son Excellence Bassirou Diomaye FAYE et son Premier Ministre, Ousmane SONKO, doit, d’une part, de poursuivre sans faiblesse aucune, et jusqu’ son terme, la conduite des op rations de reddition des comptes, et d’autre part, de s’attacher renforcer les bases d mocratiques de son autorit travers la pr servation du lien de confiance avec l’ crasante majorit des s n galais. C’est seulement ce prix que le pouvoir politique puisse durablement r sister aux tentatives de d stabilisation par le pouvoir d’argent.
Mamadou Lamine GUEYE
Ing nieur Agronome / Expert en Finance Inclusive
Pr sident Mouvement AMS
Conf rence des Leaders Diomaye Pr sident

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