Italie: Georgia Meloni convoque une conférence méditerranéenne sur les migrations
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre dernier, les partenaires européens de Giorgia Meloni la voient sur deux fronts. D’abord, elle a multiplié les déclarations au sujet des migrations, un des thèmes centraux de sa campagne et de celle de ses partenaires de coalition étant la fermeture des frontières italiennes aux migrants. C’est sur ce front-là en particulier que se sont produits les accrochages diplomatiques avec la France, en particulier lorsqu’elle a accusé Paris d’exploiter l’Afrique via le seigneuriage sur le franc CFA.
Promouvoir son plan Mattei…
Il y a ensuite un deuxième front : la volonté de Giorgia Meloni de voir l’Italie prendre les rênes de la coopération entre l’UE et l’Afrique. C’est ce qu’elle a mis en avant dès le mois de décembre lors de la précédente conférence à Rome, celle des « dialogues Méditerranéens ». C’est là que la présidente du Conseil italien a lancé son « plan Mattei ».
C’est ce fameux plan Mattei qui est de nouveau mis en avant ici, le donnant-donnant entre la coopération politique et la coopération économique. Giorgia Meloni a choisi de baptiser ce plan du nom d’Enrico Mattei, celui qui a présidé à la création de la compagnie d’énergie Eni et qui, à l’époque, avait instauré des conditions commerciales plus équitables pour les pays producteurs. C’est ce qu’elle propose ce dimanche lors de sa conférence sur le développement et les migrations que certaines ONG considèrent plutôt comme un échange « développement contre migrations ». L’ONG de surveillance des droits de l’homme Human Rights Watch la qualifie même de conférence « anti-migrations ».
.. jusqu’en Afrique
Malgré tout, Giorgia Meloni semble avoir réussi à convaincre de l’intérêt de son plan Mattei. Elle a pris son bâton de pèlerin pour vendre son plan Mattei en Afrique. On l’a vue par exemple en Éthiopie vanter un « modèle vertueux de collaboration et de croissance » entre l’UE et les États africains. Et surtout parmi les participants de cette conférence romaine ce dimanche figure au premier plan le président tunisien Kaïs Saïed. Il a signé le 16 juillet dernier un protocole d’accord avec l’Union européenne où son pays s’engage à lutter contre les migrations illégales en échange d’un vaste plan de coopération. Concrètement, la Tunisie va recevoir une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre la migration irrégulière.
Donc Giorgia Meloni parvient à la fois à convaincre sur le continent africain mais aussi sur le continent européen puisque c’est elle, la première, qui est allée seule à Tunis rencontrer Kaïs Saïed, en se faisant accompagner de son homologue batave Mark Rutte et d’Ursula von der Leyen. Désormais, l’UE qualifie le protocole d’accord avec la Tunisie de modèle pour de futurs accords avec des pays méditerranéens.